Ces dernières années, la tourmente de l’école malienne a pris de l’ampleur. L’école malienne, une école malade et dont les causes de la maladie sont d’ordre politique rendant ainsi les enfants du pays des handicapés des décisions politiques. L’article 39, la bénédiction issue des décisions politiques, il faut l’appliquer, c’est une loi, disent les protagonistes de « 39 ». L’application rencontre sur son chemin des résistances de taille sanctionnant ainsi nos enfants. Les gouvernants et les gouvernés n’ont pas la même lecture. Ce morceau de viande n’est pas facile à mâcher. Parlons-en. La loi N°2018-007 du 16 Janvier 2018 d’où est issul’article 39 stipule que : « Toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du Statut général s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Éducation préscolaire et spéciale ».  Cette loi accorderait aux enseignants 20% de la nouvelle grille alloués aux fonctionnaires. C’est une loi qui a été adoptée par l’Assemblée Nationale du Mali. En français facile, la loi dit que si le gouvernement ajoute  1FCFA au salaire des fonctionnaires, les enseignants auront aussi 1 FCFA, donc c’est clair. Ce qui est écrit est écrit. C’est une loi et les enseignants ont le plein droit de réclamer son application. Les enseignants n’ont pas réclamé l’article, c’est un droit, c’est leur chance, ils doivent en bénéficier.

Une loi prise est censée être appliquée, dans le cas contraire, elle n’a pas sa raison d’être. Le gouvernement malien, au temps d’IBK, aurait appliqué cette mesure chez les fonctionnaires, quant aux enseignants, elle n’a pas été appliquée chez eux, ce qui explique ces grèves intempestives qui sanctionnent nos enfants. Le régime IBK a pris la loi, mais elle n’a pas pu appliquer cette loi ; puisque le pouvoir est dit «  une continuité en démocratie », Boubou Cissé qui était venu prendre le volant du gouvernement affirme que cette loi n’est pas exécutable. Boubeye Maiga, premier ministre, c’est avec lui que cette loi a été prise juste avant les élections, mais lorsque les élections ont passé, la loi est restée pendante. La continuité de la gestion du pouvoir avec Boubou Cissé a résisté. Boubou devenait ainsi l’ennemi des enseignants des Syndicats de l’éducation Signataires du 15 Octobre 2016. Discorde annoncée, les Syndicats de l’éducation Signataires du 15 Octobre 2016 ont fait plusieurs grèves telles que celles  du Mardi 21 au vendredi 24 Janvier 2020, du lundi 27 au vendredi 31 Janvier 2020 et du lundi 03 au vendredi 07 Février 2020 inclus. Entre temps, les mouvements de contestation contre le régime ont commencé. La grève des enseignants, en plus de l’insécurité dans le pays, a aussi servi comme élément justifiant l’incapacité du régime IBK qui ne vivait que ses dernières heures. Devant la peur de perdre son pouvoir, le régime IBK accepta l’application de l’article 39 dans le feu de l’action.

Ce jour 16 juin 2020 au CICB, en présence de plusieurs personnalités, Ibrahim Boubacar KEITA déclara : « J’ai décidé de mettre fin à la crise scolaire en appliquant l’article 39 ». L’homme devait sauver sa tête. C’était une annonce spectaculaire qui faisait l’affaire des enseignants. Le comble est que « dire est une chose, appliquer est une autre chose ».

IBK part malgré et la transition prend la reine du pouvoir, pour calmer le jeu. Les premières autorités de la transition décident de son application. Entre temps, les enseignants avaient stoppé leurs grèves. Car, à peine venu, il fallait rassurer le peuple, il ne fallait pas mettre sur son dos des vagues de contestation. La « colonélisation » du pouvoir avait commencé à faire grincer les dents. L’UNTM brandit son biceps face au pouvoir. Elle fait une première grève de cinq(5) qui n’a pas plus au président de la transition Bah N’daw dont les mots placés depuis Abidjan ont heurté la sensibilité de l’UNTM.

Bah N’daw s’en va, Assimi Goita devient président. Il faut reprendre les négociations. Un membre influent (Dr Choguel Kokalla Maiga) du M5 mouvement  à la base du départ d’IBK devient premier ministre. L’espoir renait mais écourté. Certains enseignants estiment que c’est l’UNTM qui est aussi à la base de la non application de l’article 39. L’UNTM verrait en cette loi une injustice, mais c’est une loi. On comprend là aussi que toute loi n’est pas juste.                                                                                                                Le communiqué du conseil des ministres du 30 juin 2021 stipule en son point 3 ce qui suit : « Sur le rapport du ministre du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social, le Conseil des Ministres a adopté un projet de loi portant grille indiciaire unifiée des militaires et des personnels relevant des statuts des fonctionnaires de l’Etat, des Collectivités territoriales et des statuts autonomes.» Les enseignants de l’article 39 montent sur le créneau. Cette harmonisation de la grille mettrait de côté le fameux article 39. Les enseignants ne sont pas d’accord. Ils décident de prendre en otage les notes des évaluations et le boycott des examens de fin d’année si la loi n’est pas appliquée. Ils organisent des sorties, font des meetings, des débats sur les médias, etc. Après Boubou Cissé, c’est Choguel qui devient la nouvelle cible. Or, l’UNTM salue cette initiative du gouvernement. Dans une lettre circulaire de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) du 1er juillet 2021, elle salue « Des mesures fortes en vue de l’apaisement du climat social, de la consolidation de la justice sociale, de l’égalité de chances et de la rectification de la transition ont été convenues ». Le gouvernement pense qu’en harmonisant les grilles, il y aura un climat social apaisé, mais les enseignants n’ont pas apaisé. Le gouvernement Choguel estime que cette loi n’est pas applicable car l’état n’a pas les moyens d’y faire face. Les négociations doivent continuer avec les enseignants. Le gouvernement ne serait pas prêt à une exécution de cette loi dans l’immédiat, une loi qui risquerait de réveiller d’autres tensions sociales et qui pourraient paralyser davantage le pays. L’on préfère avoir les enseignants sur son dos que l’UNTM.

Ce qu’il faut comprendre :

o   L’article 39 est un droit que les enseignants réclament ;

o   L’article 39 a été pris par un gouvernement qui n’avait pas les moyens de son application ;

o   Le gouvernement est une continuité, mais toutes les continuités ne sont pas bonnes car les mauvaises personnes peuvent prendre de mauvaises lois ;

o   Une loi n’est pas forcément juste, il y a des lois injustes et discriminatoires ;

o   C’est l’injustice de la justice au Mali qui a fait sombrer le pays ;

o   Les lois prises sur des bases égocentriques détruisent une nation ;

o   Une loi doit avoir une vision pour réduire les inégalités ;

o   Avec l’article 39, les enseignants jouissent non seulement de leur statut, mais aussi du statut général des fonctionnaires, chose qui fait quelque chose ;

o   Le gouvernement préfère ne pas mettre sur son dos d’autres contestations avec l’application de 39 qui n’est spontanée. L’application est continuelle ;

o   Les enseignants demandent l’application d’une loi qui a des problèmes du côté du gouvernement, mais pour eux, c’est une loi, il faut l’appliquer ;

o   L’harmonisation de la grille arrangerait certains enseignants, mais pas ceux de l’article 39.

o   Les fonctionnaires de l’état ne travaillent pas au même rythme ;

o   Les fonctionnaires ne peuvent pas avoir les mêmes primes car les activités n’ont pas les mêmes forces, mais on peut faire l’équité ;

o   Ceux qui statuent sur les lois au sein de notre Assemblée nationale doivent être des personnes qui ont la tête sur les épaules ;

o   Comprenons-nous sur la base de l’équité et de la justice, visons parfois  les problèmes et non les personnes

Yacouba Dao

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