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De l’espoir au désespoir 

Le Mali vient de commémorer mardi dernier,  le 33ème anniversaire de la révolution du 26 Mars 1991. Lequel événement historique qui a marqué la fin d’un régime dictatorial et l’avènement d’une nouvelle ère démocratique.  Cette date symbolique, teintée de fierté et de souvenirs douloureux, invite à une introspection profonde sur les acquis et les défis du Mali contemporain notamment l’insécurité, la vie chère, la crise énergétique, la lutte contre la corruption tec.

Un des faits marquants de cette commémoration, c’est qu’elle coincide avec la dissolution de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM), une des associations du Mouvement démocratique, fer de lance de la lutte héroïque du peuple malien contre la dictature du général Moussa Traoré. D’aucuns parlent de « derive autoritaire ». En 1991, le peuple malien, uni dans sa soif de liberté et de dignité, s’est soulevé contre le régime autocratique du Général Moussa Traoré. La “guerre de feu” déclenchée par le régime a causé des pertes humaines et matérielles considérables, mais n’a pas réussi à briser la volonté d’un peuple déterminé. Le 26 Mars, la victoire a sonné, symbolisant le triomphe de l’espoir sur l’oppression. Mais seulement voilà, Trente-trois (33) ans après la chute du général Moussa Traoré par une insurrection populaire, le 26 mars 1991, l’enthousiasme de voir un Mali réconcilié avec ses valeurs pour rompre avec les pratiques mafieuses cède sa place aux déceptions. Les nouveaux venus se sont montrés plus royalistes que le roi. Ils passent à la vitesse supérieure en confisquant tout ce qui appartient au peuple à leur seul profit. Quelques années de leur gestion ont largement suffi pour que les hommes avertis comprennent qu’il y a eu tromperie sur la marchandise. D’après un doyen de la presse, les méthodes qu’ils ont dénoncées dans la clandestinité et à visage découvert et qui ont ruiné notre pays durant le règne du général Moussa Traoré ont été une aubaine pour les soi-disant démocrates. Ils les ont industrialisées pour se donner une cure de santé financière: enrichissement personnel, insolent, méprisant et arrogant. Le marché de gré à gré passe de 10 millions de F CFA à 250 millions de F CFA. Ainsi, ils ouvrent la porte à une corruption généralisée et à la course effrénée à l’argent public. C’est ce tableau du déshonneur que les démocrates sincères et patriotes convaincus affichent dès leur prise de pouvoir le 8 juin 1992. C’est en ce moment que commença le tripatouillage des textes pour qu’une minorité s’accapare et profite des richesses nationales. Des avantages et privilèges faramineux sont accordés à des politiciens de profession. Des nominations fantaisistes sont faites pour que des parents et des militants accèdent sans peine aux biens publics. Et les résultats n’ont pas tardé à tomber. En 1999, une liste de vingt et un (21) milliardaires, dont seize (16) fonctionnaires et cinq (05) opérateurs économiques, tombe comme un couperet sur la tête de ceux qui considéraient encore les démocrates prédateurs comme des messies. Et bien avant cette date, les scandales politico- financiers éclataient partout et impliquaient les «hommes propres d’hier», dit-on, venus laver les larmes du peuple malien de la punition du long règne du général Moussa Traoré. Ainsi, commença la remise en cause des acquis du peuple malien. Puis, ça passe de mal en pis. Avec la fragilisation des institutions démocratiques, surviendra le coup d’état du 22 mars 2012 qui reversa ATT. Huit ans seulement après, le pays révivra un autre coup d’Etat perpetrera le départ de Ibrahim Boubacar Keita.   

C’est pourquoi, 33 ans après, l’héritage du 26 Mars est plus que jamais pertinent. Les idéaux de liberté, de démocratie et de justice sociale qui ont guidé la révolution doivent continuer à inspirer les générations futures. Cependant, force est de constater que le Mali d’aujourd’hui est confronté à de nombreux défis : crise politique, économique et sociale, insécurité grandissante, etc. Pour relever ces défis, il est impératif que l’ensemble des forces vives du pays se rassemblent autour d’une vision commune pour le Mali. Le dialogue inclusif et constructif entre les acteurs politiques, la société civile et les citoyens est crucial pour trouver des solutions durables aux problèmes qui gangrènent le pays. Le 26 Mars ne doit pas être une simple commémoration annuelle. Il doit être un moment de réflexion et d’engagement pour un Mali nouveau, un Mali uni, prospère et en paix. En ravivant la flamme des idéaux de la révolution, le peuple malien peut puiser la force nécessaire pour surmonter les obstacles et construire un avenir meilleur pour ses enfants.

JG  

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